8. L’attention.

 

   Je suis en train de marcher et subitement mon attention se focalise sur la question suivante : est-ce que j’ai des pièces de monnaie ? Pourquoi ? C’est qu’en effet, j’ai détecté que je me rapproche du parking et que je dois payer le stationnement de ma voiture. C’est comme un réflexe, un rappel de ma mémoire, une injonction de mon cerveau.

   Autour de moi, il y a mille choses, des odeurs, des couleurs, des objets les plus variés, des bruits, j’avais en tête diverses pensées… mais mon esprit s’est focalisé sur le parking et pas autre chose, mon attention a trouvé sa cible, elle s’y tient. Il n’est pas question de se focaliser sur une autre chose, car comme disait mon patron (mon directeur de thèse dans le jargon des chercheurs) : « Restons calmes, une difficulté après l’autre ». Autrement dit, on fait une chose et pas deux en même temps, on focalise son attention sur un sujet seulement. En effet, la dispersion est néfaste, peut-être parce que deux activités demandent plus de mémoire et qu’on est obligé d’utiliser la mémoire courte. Celle qui ne dure que quelques secondes, pire, des fractions de seconde. Par exemple, vous avez juste le temps de noter sur un papier, un numéro de téléphone qu’on vient de vous communiquer. Ou bien vous faites mentalement un petit calcul numérique, il y a de la mémorisation. Il y a dans le cerveau un mécanisme capable d’empêcher, d’annihiler l’émergence d’une autre pensée, donc d’éviter la dispersion. Heureusement pour nous ! Dans tous les cas, il faut savoir protéger son cerveau en maintenant son attention sur un sujet principal et ne pas le laisser vagabonder. Résumons : on ne travaille pas efficacement si on se disperse, si notre attention n’est pas soutenue. Autant ne pas travailler !

   Parmi les sujets auxquels le cerveau pouvait me conduire, il en a choisi un, et à ce moment-là c’était important. Le cerveau a l’habitude de sélectionner des informations, des sujets de réflexion… Mais parfois, il y a danger à suivre une attention sans réflexion, danger à devenir esclave d’une attention qui ne conduit à rien, qui fait fausse route. Il faut donc juger notre attention, s’y tenir ou en changer. Selon Stanislas Dehaene, « Apprendre ! », le psychologue américain Michael Pioner distingue trois systèmes attentionnels :

  1. L’alerte qui nous dit vers quoi orienter notre attention, « ici et maintenant ».
  2. L’orientation qui précise vers quoi faire attention
  3. Le contrôle exécutif qui oriente la mise en œuvre de la tâche en vue et surveille son exécution.

   Grace à ces systèmes additionnels, vous pouvez vous lancer dans l’inconnu, faciliter votre apprentissage et éventuellement, changer d’orientation.

   Quand les parents se livrent à des tâches ménagères ou autres à la maison, les enfants vont vite remarquer que derrière chaque action, il y a une volonté de faire, de bien faire. Ils vont remarquer que les visages des parents sont concentrés, il y a une forte attention en eux. Ils remarqueront aussi les automatismes qui se créent avec la répétition, c’est instructif pour eux.

   La lecture des bandes dessinées est un phénomène un peu spécial. Normalement, la lecture au milieu de beaux dessins et de belles couleurs ne devrait pas être facile pour cause de dispersion de l’attention. Ce qui est certainement vrai pour la première lecture. Mais, voilà, une bande dessinée peut être lue plusieurs fois et petit à petit l’attention se focalise sur le texte. Et, les enfants prennent plaisir à lire ! Un autre avantage, c’est qu’il y a des bandes dessinées un peu partout, elles sont donc disponibles.