La formation humaniste

 

(Extrait du livre de Jean CEA : L’Islam entre ombre et lumière, page 72… 2007. Voir site ou sur Google : Jean CEA)

"— Tu voudrais une école adaptée à notre temps et à notre culture. Que veux-tu dire ?

— Il est clair que la formation scientifique, économique et technique doit être une priorité dans les pays qui souhaitent se développer. Mais notre société a aussi besoin d’une culture plus large pour affronter des situations de plus en plus complexes. Une autre priorité est donc la formation humaniste : une tête bien faite plutôt que bien pleine, selon le précepte de Montaigne que les Occidentaux semblent avoir un peu oublié aujourd’hui.

  Pour certains orateurs, le triplé occidental « Lire, Écrire, Compter » comme fondement de l’enseignement élémentaire est insuffisant. D’autres mots-clés sont apparus au cours des exposés : s’exprimer, se connaître, développer un esprit critique, apprendre à s’enrichir au contact de l’autre et à devenir tolérant, accepter les différences, savoir écouter... Dans un autre sens, détecter les talents et les ressources que l’on porte en soi, mais aussi mesurer ses limites et repérer ses carences pour apprendre à les combler. C’est un peu tous ces concepts qui ont été intégrés sous le vocable de « formation humaniste ». Chaque individu a sa propre réalité, se connaître soi-même est essentiel pour agir.

   Pour toutes ces raisons, l’histoire en général, celle de notre civilisation en particulier, doit évidemment figurer en bonne place dans les programmes : nous sommes les héritiers d’une culture, d’un corpus scientifique, littéraire et artistique qu’il est de notre devoir de mettre en valeur : histoire des civilisations, des sociétés, des systèmes politiques du passé, il faut enseigner tout cela. Il s’agit, tu le vois, de former d’abord l’esprit des hommes et des femmes de nos pays musulmans à comprendre et à tolérer les autres tout en assumant avec fierté notre identité et notre passé."